« Qui
cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux » (Kundera) … ou le chercher
peut-être dans ceux des sculptures d’Isabelle … Morceaux choisis et surprenants
adressés au regardeur regardé par les œuvres approchées d’un autre œil …
« J'entendrai des regards que vous croirez
muets » (Racine) … Les yeux parlent en effet, ne trompent jamais … Ceux des visages d’Isabelle
en disent long, capturés dans la matière, sublimés par leur expressivité (don
de l’artiste), modulés encore par la lumière changeante et les ombres créées …
Les yeux des sculptures : tout un sujet… On commence par les
croiser puis on s’y arrête, captivé par leur discours silencieux renforçant l'étonnante
impression de présence qui étreint dès le franchissement de la porte de l’atelier
… Présence invisible mais perçue, puissante et enveloppante, saisie et
annoncée au visiteur sentant qu’il n’est pas seul. Incroyable magie
des œuvres émanant de leurs formes, transmise aussi par leurs regards subtilement
déclinés, parfois même suggérés, toujours intenses & variés, à l’image des
sentiments qu’ils suscitent…
Variations riches et sensibles, du regard frais et enjoué de deux
jeunes femmes à celui de L’Indien, franc et perçant : trois visions
frontales pour trois conversations les yeux dans les yeux …
De
Gauche à droite
La Dame
aux Frites, L’Indien & Jeune Femme (Bronze)
|
Douceur & sensibilité, ou le regard de la Sérénité, plus
mystérieux, plus éloigné, que l’on ne peut s’empêcher de chercher à capter par
envie, sans doute, de partager …
Sérénité,
original en terre & détail du Bronze
|
Autres œuvres, autres tons : Regards clos respectant l’intimité du
geste du Baiser ou de son Ombre …
Le
Baiser (Bronze) & L’Ombre du Baiser (original en terre)
|
Regards croisés avec Les Ombres, deux têtes
magistrales affrontées dans un cri muet et pourtant sonore, amplifié par l’intensité
du discours des yeux, angulaires et lapidaires.
Les Ombres
(Bronzes sur axes pivotants)
|
Regards pluriels & distanciés de L’Envers du Décor, transcription
saisissante de l’écart éloignant l’être du paraître. Du masque de l’apparence au
visage de la réalité ici douloureuse … Passage significatif illustré par la
métamorphose des yeux, passant du plein au vide, de l’inexpressivité imposée
aux larmes de la vérité, profondes & tatouées…
L’Envers
du Décor (Bronze)
|
Des yeux & des regards pérennisés dans la matière mais aussi,
parfois, juste suggérés : tour de force de l’artiste illustré par des œuvres
peuplées de personnages qui observent, s’observent, fixent, cherchent, se
cherchent, s’envisagent, s’interpellent (Chroniques amoureuses des Cinq
Couples), se rencontrent et échangent (magie de L’Instant, intimité
de La Conversation Silencieuse, complicité de Simplement et Tout
Simplement), affrontent (Le Mur ou l’art de se relever) … s’expriment,
en d’autres mots, à travers des yeux pour le coup absents ...
Les
Cinq Couples (Bronze)
Rencontre,
Approche, Doute, Conflit, Incompréhension
|
Registre
supérieur : L’Instant (Résine & Bronze)
Registre
inférieur : La Conversation Silencieuse (Bronze)
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Tout
Simplement (Résine, poudre de marbre & Bronze)
Dialogue
complice entre le géant et le petit Simplement
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Le Mur
(Bronze)
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Il y a,
aux mots de Paul Claudel, « des yeux qui reçoivent la lumière et il y a
des yeux qui la donnent » … Ceux des sculptures d’Isabelle, vecteurs d’émotions et aussi de cette étrange
clarté qui émane du travail solaire de l’artiste, savent visiblement faire les deux. …
Leur force, un don même … ou peut-être plutôt une part de celui de l’artiste ?
… Fascinant …
S.C.
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